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La Petite Fille aux Allumettes
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19 avril 2011

La mort est un processus rectiligne

Cette phrase signée Daniel Pennac alias JLB (dans La Petite Marchande de Prose) est terriblement vraie. J'ai l'impression que chaque pas en avant est comme un pas de plus vers le "bord de la falaise".  Ou alors on pourrait faire une métaphore labyrinthique : je suis perdue dans le Labyrinthe et Ariane ne m'a pas donné de fil... Pas de chance. Un nouveau cul de sac : plus l'année avance plus j'ai l'impression de laisser échapper quelque chose. Je n'ai pas dit à mes parents que je m'étais inscrite à Louis Lumière. Pas la peine, je ne me suis pas rendue à l'examen d'entrée... Par contre je me suis inscrite en fac d'arts plastiques et ça quand ils vont s'en apercevoir...

En attendant j'ai plus urgent à régler. Hier soir ça a encore été la foire à la maison. Je déteste quand je me vois hurler comme ça, mais ils ont le don de me mettre hors de moi. Elle, Célia, en particulier. Deux jours que nous sommes seules à la maison et elle a réussi à me rabaisser un peu plus encore. Je suis nulle, je n'ai aucun talents, quand je la voit dans ses petites robes de printemps j'ai l'impression d'être un sac à patates à côté d'une fleur, à la fois belle et délicate. Et hier soir ils ont remis le couvert avec les bulletins du deuxième trimestre. Le mien n'était pas mauvais, c'est sûr, mais le sien était excellent. 17 de moyenne en physique, 16 en maths, 18 en SVT... toutes les matières qui comptent aux yeux de mes parents. Alors que moi la seule matière où j'explose le score c'est l'Art Plastique et ce n'est pas valable pour eux.

Célia a sorti le grand jeu, son numéro de diva : et que oui, je suis géniale, et tout ça c'est parce que je travaille, moi. Oh! et puis pour ce soir, j'ai fait le dessert!

 

 

Je ne sais pas si je peux, si je dois l'écrire ici... Je me fais peur à moi même. Cette nuit j'ai fait un rêve étrange. J'avançais dans un dédal de couloirs étroits, je montais des escaliers. J'avais dans la main droite ce qui me semblait être un crayon. J'arrivais dans une pièce éclairée et il y avait Célia. Elle était assise, de dos. Le crayon est devenu un objet coupant, mais pas un couteau, et je la frappais avec. Ce qui m'afolle c'est le calme avec lequel je l'ai fait. Je sais bien que c'est un mauvais rêve...

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Commentaires
F
Je ne sais pas si ça se fait, laisser un comm sur un journal intime... ceci dit, si tu le met en ligne, quelque part, c'est pour être lue... donc, je t'ai lue. Tu as 17 ans, on dit que c'est le bel âge, mais pour beaucoup, c'est surtout une belle galère... je me reconnais beaucoup en toi... enfin, ça remonte à quelques années quand même... une petite soeur super jolie, dynamique, quand j'étais une ado trop timide, sérieuse, complètement inadaptée socialement... je ne m'aimais pas, je ne m'adore toujours pas... il y a du mieux...je sais que j'ai réussi quelques petites choses...mes 2 enfants, ma super note d'histoire des arts lorsque j'ai passé mon bac, quelques commandes pour des toiles, comme une reconnaissance d'un "talent" auquel je ne crois pas vraiment...dans lequel j'aimerais croire pourtant, mais comme je regarde ce que font les autres, leur talent, leur originalité, parfois je me dis à quoi bon... et pourtant, l'envie s'accroche... les quelques photos que tu montre sont très belles, elles révèlent une belle sensibilité, une forme de nostalgie et de mystère... j'aime beaucoup. Crois en ton talent, ne serais ce que pour exprimer ce que tu ne peux pas dire. Crois en toi. On s'en fiche au final de ne pas être conforme à ce que les autres voudraient... je me suis toujours trouvée trop grosse, je pensais qu'on ne m'aimait pas pour ça, pour le fait que j'étais mal fagotée... ça ne m'a pas empêchée d'être aimée...lorsque j'ai eu mes enfants, j'ai perdu beaucoup de poids, et à ma grande surprise, ceux qui me disaient qu'un régime ne me ferait pas de mal ont été les 1ers à me dire que j'avais trop perdu et qu'il fallait me remplumer! Définis toi toi même par ce que tu aimes, ce que tu sais faire, ce que tu ressent, non pas par ce que disent ou pensent de toi les autres. On ne peut pas être ce que les autres veulent. Et en général, si on y arrive, c'est au prix de notre personnalité, de nos rêves, de notre bonheur. et on se retrouve aigrie, à faire des reproches à toute notre famille qui ne comprend pas, parce qu'à leurs yeux, tout ce qu'ils ont fait, ou dit, même les choses les plus blessantes, c'était pour notre bien... étant maman aujourd'hui, je le comprend d'autant mieux...Tu aura bientôt 18 ans...l'âge des grands choix, ceux qui déterminent quel chemin on décide de suivre, l'âge où l'on assume ses responsabilités. Je te souhaite de tout coeur de pouvoir faire comprendre à tes parents que ton bonheur passe par la photo... si je peux te donner un petit conseil, sache que l'opposition et la colère, inhérentes à la condition d'ado je le sais bien, ne sont hélas pas la meilleure solution pour s'assurer le soutien de ses parents...mieux vaut leur montrer ce que tu sais faire de manière positive, en participant à une expo par exemple...enfin je ne sais pas... au final quelque part en t'écrivant j'écris à cette ado mal dans sa peau que j'étais... aujourd'hui j'ai 30 ans, je ne suis pas quelqu'un de très sûre de moi, mais j'y travaille... je me suis rendue compte avec surprise que ma petite soeur, que je trouvais si géniale m'avait toujours enviée, pour une raison qui m'échappe. Aujourd'hui, on s'appelle tous les jours, je suis la 1ere personne qu'elle sollicite pour un conseil ou de l'aide. Je n'ai pas poursuivi mes études d'arts plastiques pour de nombreuses raisons, mais j'ai décidé de n'avoir ni remords ni regrets... le chemin qui est le mien, s'il emprunte des voies détournées, n'en atteindra pas moins son but, faire ce que j'aime... Quand à ton rêve, ne t'en fais pas... les rêves sont une soupape de sûreté de notre inconscient...ils nous permettent d'évacuer la pression sans avoir à passer à l'acte... comme un enfant qui rêve qu'il dévore le panier de cerises auquel il n'a pas eu le droit de toucher, la maman qui scotche le bec à son enfant qui a pleuré toute la journée, la grande soeur qui assassine cette petite soeur si encombrante et qui lui fait de l'ombre... courage...un jour l'adolescence prend fin, et on se prend parfois à se retourner avec un regard plein de nostalgie sur cette période pourrie, mais tellement pleine de possibilités si on ose y croire et se donner une chance...
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