La mort est un processus rectiligne
Cette phrase signée Daniel Pennac alias JLB (dans La Petite Marchande de Prose) est terriblement vraie. J'ai l'impression que chaque pas en avant est comme un pas de plus vers le "bord de la falaise". Ou alors on pourrait faire une métaphore labyrinthique : je suis perdue dans le Labyrinthe et Ariane ne m'a pas donné de fil... Pas de chance. Un nouveau cul de sac : plus l'année avance plus j'ai l'impression de laisser échapper quelque chose. Je n'ai pas dit à mes parents que je m'étais inscrite à Louis Lumière. Pas la peine, je ne me suis pas rendue à l'examen d'entrée... Par contre je me suis inscrite en fac d'arts plastiques et ça quand ils vont s'en apercevoir...
En attendant j'ai plus urgent à régler. Hier soir ça a encore été la foire à la maison. Je déteste quand je me vois hurler comme ça, mais ils ont le don de me mettre hors de moi. Elle, Célia, en particulier. Deux jours que nous sommes seules à la maison et elle a réussi à me rabaisser un peu plus encore. Je suis nulle, je n'ai aucun talents, quand je la voit dans ses petites robes de printemps j'ai l'impression d'être un sac à patates à côté d'une fleur, à la fois belle et délicate. Et hier soir ils ont remis le couvert avec les bulletins du deuxième trimestre. Le mien n'était pas mauvais, c'est sûr, mais le sien était excellent. 17 de moyenne en physique, 16 en maths, 18 en SVT... toutes les matières qui comptent aux yeux de mes parents. Alors que moi la seule matière où j'explose le score c'est l'Art Plastique et ce n'est pas valable pour eux.
Célia a sorti le grand jeu, son numéro de diva : et que oui, je suis géniale, et tout ça c'est parce que je travaille, moi. Oh! et puis pour ce soir, j'ai fait le dessert!
Je ne sais pas si je peux, si je dois l'écrire ici... Je me fais peur à moi même. Cette nuit j'ai fait un rêve étrange. J'avançais dans un dédal de couloirs étroits, je montais des escaliers. J'avais dans la main droite ce qui me semblait être un crayon. J'arrivais dans une pièce éclairée et il y avait Célia. Elle était assise, de dos. Le crayon est devenu un objet coupant, mais pas un couteau, et je la frappais avec. Ce qui m'afolle c'est le calme avec lequel je l'ai fait. Je sais bien que c'est un mauvais rêve...